L’histoire locale rapporte que Tence fut peuplé à une époque peu précisée d’une colonie de légionnaires romains. Les troupes romaines étaient effectivement présentes dans le pays entre le 2ème et 1er siècles avant JC dans leur conquête de la Gaule et pour la construction de voies (notamment la voie d’Aquitaine dont l’Auvergne faisait alors partie). Tence aurait été un de ces lieux stratégiques pour les militaires et serait devenu le bourg principal d’une de leurs colonies en « récompense de ses travaux ».
Un des témoignages de cette présence romaine est la terminaison en « -ac » de plusieurs lieux-dits tençois (Crouzillac, Utiac, …). Et le nom de Tence pourrait venir, selon des sources incertaines, du verbe latin « tendo » évoquant et l’étendue d’un territoire et de tentes dressées pour le campement des soldats.
Au début du 8ème siècle, les Maures, venus d’Espagne, envahirent le sud de la France. Quand ils atteignent le Velay, on assiste à de nombreux pillages dont Tence n’est pas épargné. évènement qui vaut sa première mention dans l’histoire. Mais les éléments à ce sujet ne restent que très vagues.
La première apparition écrite de Tence ne date que du 10ème siècle. Un cartulaire du Monastier (ville de Haute-Loire) le cite alors comme le siège de la vicairie du Comté du Velay, dépendant de l’évêque du Puy. Au 11ème, un prieuré est créé à Tence, dirigé par des bénédictins qui seront alors co-seigneurs avec ce même évêque. Le prieuré sur l’emplacement duquel on trouve aujourd’hui l’Hôtel de Ville forme le noyau principal de la ville défendu par un rempart (sûrement détruit au 17ème ) avec deux portes d’accès (porte du Sud et porte Saint Antoine).La forte présence d’hommes d’église, puissants seigneurs qui se partagent le pouvoir, entraîne la création de grandes propriétés, de fiefs, qui avec le climat de guerre régnant (Guerre de Cent ans puis guerres de religions), prendront la forme de châteaux ou maisons fortes (résidences et exploitations agricoles de la petite noblesse) afin de se constituer des abris.
Nous pouvons citer entre autres les châteaux de Joux, La Brosse ou du Besset, tous de l’époque féodale avec rénovations et ajouts ultérieurs, ainsi que les maisons fortes de La Borie ou du Mazel (même période)
À partir de 1560, les guerres de religions éclatent. La terre vellave est très touchée. La Réforme s’étant épanouie dans la partie supérieure du cours du Lignon, la tension entre les deux camps sur le plateau est forte et les luttes sont sanglantes. Tence tombera aux mains des réformés en 1574, pour peu de temps cependant puisqu’en 1577 la ville est reprise par les catholiques et notamment grâce à l’aide des Jésuites qui s’installent alors au prieuré tençois.
L’enseignement est développé tout au long de ce siècle. Les premières maisons de béates (petites maisons de bourg, avec campanile, où loge une religieuse, et plus tardivement une laïque, entretenue par les habitants et chargée de donner une instruction catholique aux enfants ou encore d’animer la vie spirituelle du village) apparaissent dans le canton tençois.
Dans le même temps, les sœurs de Saint-Joseph, installent à Tence une école de filles tandis que les frères des écoles Chrétiennes en font autant pour les garçons (actuels école primaire et collège privés de Tence). Les protestants créent eux aussi des lieux d’étude où l’enseignement dispensé est communal et laïc. Notons d’ailleurs la création, bien que plus tardive (1938), du Collège International Cévenol au Chambon sur Lignon sur l’initiative des pasteurs Theis et Trocmé.
En 1891, un pasteur de Saint-Étienne (Loire) en vacance dans la région se rend compte des bienfaits de la campagne sur son fils malade et crée l’œuvre des Enfants de la Montagne. Des structures d’accueil sont alors mises en place pour les jeunes citadins. Cette nouvelle forme de tourisme accompagnée de la création et ouverture en 1902 de la ligne de chemin de fer reliant Tence aux vallées de la Loire et l’ensemble du plateau, essentiellement au niveau de l’économie et de l’habitat. IL est primordial de comprendre cela pour aborder les guerres mondiales.
En effet le développement d’un tel esprit de tolérance et d’accueil et la présence de ces nombreuses structures vont alors servir de refuge aux victimes. Des exilés politiques allemands et autrichiens qui fuient le nazisme aux espagnols échappant à la Guerre Civile ou aux enfants juifs, logés et cachés dans ces bâtiments (exemple du Chambon sur Lignon avec le Collège Cévenol, la Maison des Roches…) et plus amplement chez l’habitant, sur l’ensemble du plateau, on assiste à une véritable résistance spirituelle, toutes églises confonduesC’est aussi à cette époque que les armoiries de Tence sont créées (1912) et leur devise rejoint bien cet esprit « alta sicut montes corda » qui signifie : « nos cœurs aussi hauts que nos montagnes »
Le blason des armoiries de Tence est divisé en deux parties. La première moitié est composée des armes de Jean de Naturelli, prieur de Tence en 1523 : trois merlettes de sable noir symbolisant la justice, la loyauté, la beauté, et la bonne réputation, sur le fond or. La deuxième des armes du Languedoc dont Tence faisait partie jusqu’à la révolution..Les armes sont surmontées d’une couronne qui rappelle les fortifications de la ville, et le blason est soutenu par une branche de sapin représentant la richesse du pays et de chêne représentant la loyauté et la force.
Actuellement, Tence, chef-lieu de canton, influence sur l’économie locale : marchés anciens, commerces, industries. Son urbanisme correspond à celui des petites villes anciennes : centre historique, faubourgs anciens en périphérie, zones industrielles, artisanales et pavillonnaires modernes. L’architecture est intéressante : édifices religieux (église paroissiale du 16ème, chapelle des pénitents du 18ème, petite église et temple du 19ème), bâtiments et boutiques anciens (notamment la Maison des Associations dans l’ancien hospice et sa pharmacie datés du 18ème), ponts et fontaines.
Les rénovations et constructions récentes telles que la piscine dans les années 70, l’école publique (1914-1925) ou encore l’aménagement de l’ancienne ligne de chemin de fer pour le petit train touristique sont à noter. Au même titre que le développement du tourisme rural avec un choix de nombreux itinéraires pédestres (n’oublions pas que le Chemin de Saint Jacques de Compostelle passe dans la région), un paysage alentour très riche (rivières, plans d’eau divers, monts, forêts, fermes typiques…) et une grande possibilité d’hébergement (camping, gîtes, village de vacances…).